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Ménopause en France : un tabou brisé

Préménopause et ménopause

Décryptage

Société, Tabou, Témoignage, Se préparer, Soutien

La ménopause : encore un tabou en France ?

01/09/2023

Taboue la ménopause en France ? Clairement oui ! Même si des initiatives pour faire connaître les tenants et les aboutissants de cette période de la vie féminine existent, la ménopause peine à être visible dans notre société

Passée la quarantaine de nombreuses femmes entrent dans ce qu’on appelle la préménopause. Cette période où elles connaissent de nombreux changements dans leur corps, dans leur esprit mais qu’elles n’imputent pas tout de suite à l’arrivée imminente de la ménopause. Elles sont alors, pour la plupart, perdues. Et d’autant plus qu’on ne les a jamais prévenues, que ce qu’elles vivent, d’autres l’ont vécu avant elles mais l’ont tu. Et aujourd’hui encore, alors que toutes les femmes vivent la ménopause et son lot de désagréments, personne n’ose vraiment en parler haut et fort. “J’avais entendu des bribes de conversations, des ‘oh lala mais j’ai très chaud’, on parlait des symptômes en fait. Mais ce n’était pas une vraie conversation construite, c’était quelque chose de fragmenté” se souvient Anne, 52 ans, ménopausée. “Peut-être qu’il n’y a rien à faire et que c’est le sort des femmes de morfler sur plein de sujets”, ironise-t-elle.

Tout ce qui touche la femme

Et en effet. Comme les règles ou le post-partum, ce qui à trait au corps des femmes est tabou, non-dit, passé sous silence. Le terme de ménopause lui-même n’évoque rien de positif. Le premier médecin à employer le mot en 1816 est le Dr Charles Paul Louis de Gardanne. Il utilise “menespausie” puis “ménopause” pour remplacer “âge critique” jusqu’alors utilisé pour parler de la période de la vie d’une femme où elle ne peut plus être mère. Peu de temps après, en 1823, le terme “ménopause” entre dans le dictionnaire sous la définition “cessation des règles – temps critique des femmes”.

Dans ses travaux consacrés à la vieillesse, la sociologue Cécile Charlap raconte, qu’il existe toute une rhétorique associée à la ménopause : “on se rend compte que la ménopause n’est pas pensée comme une transformation, mais comme une involution, c’est-à-dire un changement qui est délétère, un changement qui est pensé dans une rhétorique du symptôme, de la pathologie, de la dégénérescence et de la déficience, et enfin celle du risque”. La ménopause est associée à la vieillesse, à une carence, à une déficience et dans notre société, on a tendance à taire ces thèmes-là.

On sait que ça existe, mais on en parle pas

“Personne n’en parle, c’est un tabou, même entre femmes, quand on se connait juste comme ça, on n’en parle pas, on peut se sentir très seule à ce moment-là et on n’a personne à qui en parler…”, raconte Julie, 54 ans, interrogée par Cécile Charlap pour sa thèse “La fabrique de la ménopause”. “Il y a un impensé collectif, une banalisation de ce phénomène physiologique, hormonal, biologique qui est hallucinant. Les femmes entre elles pourraient en parler un peu plus ! Cela touche tout le monde et on considère que c’est un épiphénomène. Alors que c’est majeur pour moi”, témoigne Florence, 50 ans et en pleine préménopause. C’est depuis qu’elle s’est risquée à en parler la première, qu’avec ses amies elles abordent le sujet régulièrement.

“Ma mère ne m’a rien dit”

“Quelle femme publique osera briser le tabou encore associé à la ménopause et, par la même, contribuer à sensibiliser des milliers de femmes sur cette étape de vie, commune à toutes ?” questionne la Dr Florence Trémollières du Centre de ménopause de l’hôpital Paule-de-Viguier, suite au Congrès mondial de la ménopause de 2022. Car en effet, si dans le cercle intime la ménopause fait timidement parler d’elle, sur la scène publique elle peine à émerger.

Podcasts, articles, bandes-dessinées, programmes…

Les témoignages se multiplient, sous le ton de l’humour ou d’une manière plus franche et personnelle. Petit à petit, la ménopause gagne du terrain. “Il faut lever le tabou ! Et quand cela sera fait, les femmes vont se saisir de ça. La ménopause, si on s’y prépare c’est plus facile”, avertit Julie Massé, diététicienne qui reçoit beaucoup de femmes en préménopause.

Unique en France, l’association DisDameDonc a développé un programme d’accompagnement dédié aux femmes de plus de 40 ans pour se préparer à la préménopause et mieux vivre la ménopause, gratuit pour ses adhérentes.

Toutes ces nouvelles initiatives sont indispensables pour faire de la ménopause un sujet de santé aussi important que les autres.

Photo de Leslie Meuraillon

Par Leslie MEURAILLON

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