Allaitement
Interview
Soutien, Société, Droits, Expert santé
20/11/2023
Sage-femme et consultante en lactation à Bordeaux, Stéphanie Astrid Prieur est certifiée IBCLC® (l’acronyme anglais de Consultante en lactation certifié par le conseil international) depuis 2007 et est en cours de re-certification. Une précision de statut qui illustre l’exigence de cette formation, qui requiert de ses praticiennes qu’elles poursuivent régulièrement leur formation pour rester à jour des dernières connaissances dans ce domaine. Rencontre avec une professionnelle convaincue et portée par son métier.
Je suis sage-femme depuis 1996. J’ai exercé en hôpital, puis en libéral. Pendant cette période hospitalière, j’ai passé six ans à Mayotte. Sur place, j’ai observé des femmes accoucher naturellement et allaiter tout aussi naturellement. Quand je rentre en Métropole en 2002, j’ai du mal à comprendre pourquoi l’allaitement est si difficile chez nous. Pourquoi est-il aussi mal soutenu, avec des conseils inappropriés ? En m’inspirant de ce que j’ai pu vivre à Mayotte, j’ai peut-être un premier élément de réponse : l‘environnement dans lequel on évolue joue un rôle prédominant. La-bas, elles sont en permanence en contact avec des bébés nourris au sein. En fait, l’allaitement fait partie de l’environnement mahorais et de leur culture ! Je prends donc la décision de me former dans ce domaine pour accompagner au mieux les femmes sur le sujet.
Stéphanie Astrid Prieur, sage-femme et consultante en lactation
Sans être une spécialiste de la question, je crois que les années 70 ont desservi l’allaitement. Avant cette décennie, les femmes subissaient parfois leur maternité, les foyers pouvaient facilement compter sept ou huit enfants. Les années 70 apportent leur lot d’évolutions significatives : droit à l’avortement, pilule, amélioration des préparations commerciales pour les nourrissons… C’est aussi la culture du biberon qui arrive. Un vent de liberté souffle sur le pays ! Les femmes ont le droit de décider du nombre d’enfants qu’elles veulent et peuvent choisir de les allaiter ou non. Cette nouvelle génération se libère, ce qui est très positif ! En parallèle, les marques de substituts de lait maternel font alors leur nid auprès des femmes et ce qui est préconisé pour les préparations commerciales pour nourrissons devient aussi une vérité pour l’allaitement… Ce sont pourtant deux laits tout à fait différents !
Par Laurène SECONDÉ